Le Ferrier, un peu d'histoire

Le ferrier antique de Tannerre-en-Puisaye est un lieu où sont amassés des résidus d'extraction du fer, datant des époques gauloise puis gallo-romaine.

Il est situé au milieu d'un bois de environ 75 ha, probablement beaucoup plus grand à l'origine car l'extraction du fer exigeait de grandes quantités de charbon.

Elle exige également beaucoup d'eau pour le lavage du minerai, et le Branlin passe au pied du coteau.
Il faut également le concasser, ce qui était fait dans des moulins appropriés,enfin il fallait de l'air pour activer les fourneaux et le site est en haut d'une colline, en plein vent.

Trois puits gallo-romains ont été découverts, de 1,20 mètre de largeur et avec un débit de 2 m3/h. L'un était profond de 6 à 8 mètres,
les deux autres de 7 à 9 m.

Les minerais les plus utilisés à Tannerre étaient l’hématite rouge (teneur en fer de 70%) et la limonite, une hématite hydroxydée (teneur en fer de 60%).
La marcassite ou sulfure de fer y était rarement utilisée.

Le ferrier de Tannerre et l'extraction du fer dans la région, a connu une période d'activité intense avant la période gallo-romaine et jusqu'au Moyen Âge.

Le fer était produit dans des bas-fourneaux d'argile par le procédé dit de « réduction directe » et épuré en forge sur place.

Le peuple vivant là était les Sénons. Nous sommes à moins de 40 km (à vol d'oiseau) de la Loire et des Bituriges Cubes, à qui l'on attribue la découverte de l'étamage et qui étaient de la meilleure réputation quant à leur travail des métaux généralement et du fer en particulier.

Les plus anciens bas-fourneaux étudiés en France, des fours à scories piégées de faible production, sont dans le Sénonais et remonteraient au VIIe siècle av. J.-C.

Ils sont très nombreux dans le Sud de la Puisaye, allant en diminuant vers le nord de la région.

Déjà largement présente du temps des Celtes (en Gaule l'âge du fer débute vers 800 à 700 av. J.-C.), l'activité s'accroît avec les romains qui mettent la main sur les ressources des territoires conquis.

Ils font construire de très gros ateliers, sans pour autant que la production privée réduise notablement.

Les moyens et techniques qu'ils mettent en œuvre fournissent des « scories à laitier » de même qualité que celles d'un haut-fourneau moderne.

La production des 300 ans de cette période romaine est estimée à 80 % de la production totale, toutes époques confondues; ceci veut dire qu'en 300 apr. J.-C., le ferrier occupait déjà plus ou moins autant de surface qu'actuellement.
Un village gallo-romain était certainement construit à flanc de colline.

Les romains partis, cette activité décroît notablement dans la région.

Durant le haut Moyen Âge, de petits ferriers subsistent dans les alentours de Saint-Fargeau jusqu'à Lavau et au nord de Villiers-Saint-Benoît.

Les scories ont de tous temps été occasionnellement réemployées pour réparer et « ferrer » des chemins et autres surfaces carrossables.

Mais les prélèvements dans ce sens sur les ferriers antiques restaient très limités. De 1900 à 1982, les buttes de ferriers ont été exploitées de façon industrielle, systématisant l'utilisation (déjà commencée au XIXe siècle) des scories pour empierrer les routes et constituer le ballast des voies ferrées.

Par ailleurs, les déchets encore riches en métaux étaient envoyés aux hauts-fourneaux de Lorraine (entre autres ceux d'Homécourt) pour en extraire le fer et le manganèse restants.

En effet, les scories puyaudines étaient plus riches en fer que le minerai lorrain dont la teneur moyenne en fer était à l'époque de environ 30 %. Elles étaient donc utilisées en complément de la charge normale : on « enrichissait la charge ».

La première guerre mondiale stoppe les activités, qui reprennent en 1916 avec l'arrivée d'ouvriers réfugiés belges et italiens; la guerre finie, ce sont des Serbes qui y travaillent.

Avec la fin de la deuxième guerre mondiale, arrivent les gros engins de terrassement, notamment pelles mécaniques et excavatrices.
L'utilisation de ces engins accélérant la disparition du ferrier de Tannerre, il est classé monument historique en 1982.

Toute exploitation cesse dès lors, laissant aux futurs chercheurs un vaste terrain d'investigation qui, selon Henri de Raincourt le ministre venu à l'inauguration en septembre 2009, rappelle Verdun ou la ligne Maginot par ses bouleversements.
crédit texte: association du ferrier de tannerre